"Guitariste à la base, ma culture musicale repose sur le blues-rock au sens large. Ces influences fondent en moi la volonté d'exprimer une musique vivante, engagée, rythmée, ayant du sens et de la personnalité puisque c'est à la base ce qui me touche, ce que je ressens. Fondamentalement, je suis un citadin. Le bruit des villes, son agitation, ses lumières, ses variations construisent le murmure incessant qui rythme ma musique. De ces tensions naissent des chansons volontaires qui évoquent les relations urbaines : l'incommunicabilité, l'isolement, dans ces grands ensembles où tout se mélange et se disperse à la fois. C'est aussi la possibilité de se réunir, de partager, de ne plus subir mais plutôt d'assumer, de trouver sa place, son identité. C'est dans cette thématique que s'enracinent mes préoccupations. Autour de ces ombres, de ces visages".
Après plusieurs années à apprendre et à jouer de la guitare seul dans sa chambre, comme des milliers d’adolescents, Stan Mathis fonde son premier groupe au lycée, entouré de ses meilleurs amis. Alors guitariste soliste, cette expérience se poursuivra dans différentes formations lyonnaises de reprises blues-rock (Uma, puis Poker) lui permettant de rencontrer de nombreux musiciens et de faire ses premiers pas sur scène. En 2004, il fonde Plasticine, groupe de reprises rock, dont il est à la fois le guitariste et le chanteur. Pendant de nombreuses, cette formation jouera dans toutes les salles qui comptent sur la région lyonnaise, en groupe complet, ou en version acoustique à deux guitaristes.
"A cette époque, le réseau lyonnais était très dense : il y avait énormément de musiciens et de petites salles de concert motivantes. C’était très agréable, car, avec une guitare, et en se débrouillant bien, on trouvait toujours un endroit où jouer. J’ai appris la musique avec ces musiciens, dans les improvisations, les partages d’un soir".
Puis, progressivement, le projet s’essouffle. Quelque part, déjà, un autre répertoire se profile, ainsi que la volonté de produire des chansons plus personnelles.
"Je travaillais depuis longtemps sur des maquettes acoustiques, en français, chez moi, avec du matériel rudimentaire. J’adorais ça : travailler des heures sur un arrangement, sur une sonorité, jusqu’à ce que ça soit satisfaisant".
Pendant toutes ces années de "chanteur de bar", Stan ne mettra jamais en lumière ces chansons ("cela me semblait en contradiction avec la musique que nous jouions"), sauf à quelques rares exceptions, lors de concerts acoustiques, qu’il effectuait alors en solo après la dissolution de son dernier groupe. Après plusieurs années dans l’ombre, le projet d’enregistrer un premier album finit par prendre forme. Il compose et produit de plus en plus de maquettes, et l’évidence apparait : ces chansons méritent un meilleur sort que de rester confinées chez leur compositeur.
"Je sentais que je m’améliorais techniquement, et que mes intentions prenaient sens autour d’une thématique assez précise. Il était temps de faire quelque chose de significatif".
Ce sera "Centre ville", premier album autoproduit, contenant 11 titres, dont "La réponse", "Tout va bien" et "Y croire encore". Collection de chansons évoquant la solitude à l'intérieur des villes, la recherche d'identité, l'ambition de s'en sortir par soi-même. Enregistré et mixé par Xavier Desprat à La casa Musicale près de Lyon, ce premier projet prendra son ampleur sur scène avec une trentaine de dates en un an, dont les premières parties des BB Brunes, de Nilda Fernandez, de Daran ou encore de Laurent Lamarca.
Début 2015, Stan commence la préparation de l'album "Ombres et visages" qui se veut la suite thématique de "Centre ville" : le personnage a évolué, il est désormais confronté aux autres, doit faire face aux relations humaines, à leurs difficultés, à leurs bonheurs. Pour ce projet, plusieurs studios réputés seront sollicités comme l'Hacienda, Mikrokosm et History en région parisienne. Mais c'est surtout la rencontre avec plusieurs artistes majeurs qui sera décisive : Christophe Deschamps, Philippe Almosnino, Jean-Max Méry et Yan Péchin viendront déposer un peu de leur fluide sur ces nouvelles chansons, mixées de main de maître par Marc Guéroult. Stan Mathis s’engagera ensuite entre 2016 et 2018 sur une longue tournée de deux ans, jalonnée de concerts mémorables, comme autant d’étapes significatives : Du Transbordeur à Lyon, conjugué à un triplé Bus Palladium - Gibus - Réservoir à Paris dans les premiers mois, jusqu’au à la 1ère partie de Yarol au Ninkasi Kao en Juin 2018, en passant entre autres par le Hard Rock Café (Lyon), le Toboggan (Décines), ou encore le Pan Piper (Paris).
Cette période voit également Stan s’orienter vers la réalisation. Les rencontres avec de nombreux artistes émergents l’amènent à travailler avec l’artiste folk August Nine (pour un premier EP fin 2017, puis un 2ème, "Deep Water", début 2019, avec Nicolas Gamet à la batterie et Edouard Coquard, bassiste de De Palmas), et le groupe Upside (1er EP "Saturday Morning, 10 AM", enregistré au studio History, avec Jean-Max Mery).
En tant qu’interprète, il est sollicité pour rendre hommage à Hubert Mounier (fondateur de l’Affaire Louis Trio) le temps d’un album de reprises (sur lequel figure Kent, Carmen Maria Vega notamment) en partageant le titre "Loin" avec la chanteuse Joe Bel.
Parallèlement, un long travail d’écriture et de pré-production s’engage pour la création d’un nouvel album. Essais infructueux et tâtonnements, entre 2018 et 2019, qui le font finalement à repartir de zéro et confier de nouvelles chansons au réalisateur lyonnais Johan Putet, connu pour son travail au sein de Big Junior et Octavio Mai. Un an de travail en vase clos finira par donner naissance à "Plexus solaire", un double album à deux faces, contenant une série de titres estampillés « électro-rock » évoquant les questionnements de nos identités (nos origines, nos déploiements), puis une suite de chansons intimistes, radicales, enregistrées live, en acoustique.
L’album sort fin Novembre 2019, et reçoit un bel accueil critique (sélection FIP notamment). Sur scène, c’est avec un spectacle original, seul à la guitare et aux machines que Stan défend ce nouvel univers (Café de la danse, Bus Palladium, Radiant-Bellevue, entre autres), comme une remise en question des certitudes acquises au cours du temps.
Le contexte du Printemps 2020 empêchera le développement scénique du projet "Plexus Solaire". Après plusieurs mois d’hésitation et d’incertitudes, Stan décide de relancer le projet d’un nouvel album, renouant avec les racines rock de sa culture d’origine.
Dans l’intervalle, il participe à deux nouveaux albums hommages, au cinéma e tau chanteur Jean-Louis Murat, en reprenant respectivement « L’amour en fuite », créée par Alain Souchon pour le film éponyme de François Truffaut, et « Comme un Incendie » sur le tribute « Aura aime Murat ! ».
Ce nouvel album solo sera l’occasion d’accomplir un nouveau rêve d’adolescent : la découverte de studios mythiques ayant façonné des albums de légende. Des séances à Ferber, aux studios La Fabrique, et à Labomatic sont engagées. C’est la rencontre avec Dominique Blanc-Francard qui donnera la tendance définitive : la complicité qui se fait jour donne naissance à 12 nouvelles chansons, où les guitares prédominent, et où quelques guests de renom apparaissent : Yarol Poupaud, Michel-Yves Kochmann, Nicolas Musset, Jérôme Arrighi, notamment, participent aux séances parisiennes.
L’album sort le 8 Avril 2022, et s’intitule "57.75". On retrouve des textes porteurs d’enjeux de société, colère et dénonciation des comportements pernicieux ("Excuse My French", "On croyait"), rage de vivre et espoirs de lendemains heureux ("Organique", "La beauté des timides"), force du souvenir et mélancolie ("Kurt #67 & 94").